Agenouille-toi devant ton maître

Aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres, alors j'ai eu droit aux croissants. Tout le monde n'a pas la chance de porter un prénom aussi fantastique: Aubergine! C'est pas fréquent. S'il y a une limite que je repousse sans cesse, c'est celle de la hauteur de la pile du linge qu'il y a à repasser. Là ça en devenait presque effrayant. Limite du genre à prendre forme et t'engloutir à tout jamais. J'ai donc fini par retrousser mes feuilles pour maitriser la bête, et en repasser une grosse moitié, parce que tout faire d'un coup n'était pas possible, pas pour un humain, ni un légume, ni même Dieu (Dieu il repasse ses chemises? Et il enlève ses poils de barbe du siphon de la douche? Rien n'est moins sûr...). La soirée électorale m'a donné tout le loisir pour cela, pas besoin d'écouter c'est tout le temps la même chose. Enfin, Poivron et moi on a quand même fait notre devoir de citoyens, comme des grands. Sans conviction, mais bon. Après un rapide sondage, aucune de mes collègues proches n'allait voter, la plupart n'était même pas inscrite sur les listes. Alors je me sentais encore plus obligée de le faire. D'ailleurs je l'ai toujours fait, je crois. Et puis ça m'a donné l'occasion d'aller chez mes parents et ressortir du placard les bouquins de socio pourris qu'on m'avait obligé à ingurgiter, pour les revendre, et qu'ils puissent pourrir l'existence de quelqu'un d'autre. Moi j'aime mon prochain, surtout s'il doit subir les mêmes horreurs que j'ai connu pendant 2 ans.